ON A TUE MON RENARD

L'union presse

Publié le 16 octobre 2010

C'EST la fin d'une jolie période, d'un amour clandestin que n'auraient pas renié quelque grand romancier.
Il y a quatre ans, nous vous avions conté l'histoire de cette femme, habitant un village du Vouzinois et ayant pour animal de compagnie… un renard.
En 2002, Nadine* avait recueilli Gustave, qu'on lui avait apporté blessé. Il faut dire que son père, déjà, avait élevé sous ses yeux des renards et qu'elle n'avait aucun doute sur la possibilité d'apprivoiser le jeune animal.
Notre amie a trouvé un vétérinaire compréhensif dans la région et a vécu huit ans de bonheur avec son « renard de compagnie », soigné et nourri à la viande, mais aussi aux croquettes pour chats, au fromage, aux gâteaux. « Il adorait les spéculoos », se souvient Nadine.
Gustave, qui sera castré, dort le jour et vit la nuit, mais côtoie les chats de la maison sans aucun souci. Il reste bien sûr à demeure, enfermé dans une cour dont il ne paraît pas vouloir s'échapper.
En huit ans, logiquement, aucun incident n'est à signaler. L'animal à trois pattes (depuis l'accident de 2002) paraît mieux loti que s'il devait retourner à la nature et chasser.
Nadine reste discrète, mais quand une personne dans le village est au courant, la nouvelle peut en avoir fait rapidement le tour.

Toutefois, nombreux sont ceux qui ne voient pas le problème. Ils connaissent la loi mais aussi le sérieux de Nadine, qui prend soin des animaux comme personne. « L'ancien maire était venu me dire qu'il savait, mais qu'il ne dirait rien », raconte-t-elle.

Du poison lancé à l'aveugle ?
Qui cela pouvait-il gêner ? Aucune plainte n'avait été formulée. Pourtant, dans la nuit de vendredi à samedi, quelqu'un semble avoir voulu mettre un terme à l'histoire.
Samedi matin, Gustave apparaît affaibli et l'intérieur de sa gueule est complètement jaune. Quand Nadine évoque l'agonie de son renard, les larmes ne tardent pas à venir. « Je pense que quelqu'un a lancé le poison dans ma cour », s'indigne-t-elle.
Le village en question a d'ailleurs déjà été concerné par des empoisonnements de chats par le passé.
Ces actions déplorables peuvent encore s'expliquer (mais non s'excuser) par le comportement des chats qui traînent à droite à gauche, sans souci des frontières, mais là ?
En lançant du poison à l'aveugle par-dessus une grille, on franchit un cran dans la stupidité, le manque de scrupules et la cruauté. La mauvaise image du renard paraît avoir fait une victime inutile.
Jacques BERTHION
La détention d'un renard étant interdite par la loi, le prénom a été changé.