CRUAUTES ENVERS LES ANIMAUX : "DANS L'AISNE,CA EXPLOSE"

AISNE. Après la mort du chien Dingo, retrouvé calciné dans un sac poubelle, son maître a été aidé dans ses démarches par la SPA. Pour la société protectrice des animaux, le département de l'Aisne est un point noir. Interview avec Tamara Guelton, responsable du service juridique protection.

On connaît la SPA pour ses refuges, ses campagnes contre les abandons d'animaux dosmestiques, on sait moins que la Société protectrice des animaux intervient aussi sur le plan juridique. Lorsqu'un procès ayant trait à des cruautés d'animaux se profile, la SPA n'hésite pas à se porter partie civile.

Avant d'en arriver là, un long processus d'enquête et de suivi des affaires s'opère grâce au service juridique protection de l'organisme. Tamara Guelton est responsable de cette cellule méconnue du grand public. Elle nous en dit un peu plus sur le rôle de son service.

l'union : Pourquoi vous êtes-vous intéressée à l'affaire de Dingo, ce chien martyrisé dans l'Aisne ?

Tamara Guelton : « Son propriétaire, Olivier Munier, s'est rapproché de notre refuge à Laon. Il était très choqué. Comme souvent dans ce contexte là, les propriétaires se tournent vers les associations pour demander de l'aide. Nous lui avons donné les premières indications : déposer plainte, etc. Nous le faisons souvent dans le cas d'actes de cruauté. Les propriétaires ont besoin de soutien dans ces moments-là. »

Quelles suites allez-vous donner à cette affaire ?

« Olivier va nous transmettre les pièces du dossier que nous allons étudier. Il y a plusieurs issues possibles. Soit le parquet classe l'affaire, soit il enquête et s'il trouve l'auteur des faits, il engage des poursuites. Quelques soient les suites données au dossier, la SPA soutiendra Olivier. S'il y a procès, nous nous consituerons partie civile. Dans le cas contraire, nous pouvons faire une citation pénale. »

Comment êtes-vous au courant des affaires de cruauté sur animaux ? Les propriétaires se tournent-ils systématiquement vers vous ?

« Souvent, nous sommes prévenus par nos refuges. Parfois, il arrive que nous soyons mis au courant par voie de presse. Nous recevons jusqu'à 100 signalements de maltraitance par jour. Rien qu'en Ile-de-France, nous avons quatre inspecteurs salariés pour vérifier les faits. Actuellement, nous avons 500 dossiers en attente de jugement devant les tribunaux et entre 350 et 450 dossiers sont plaidés chaque année. Les actes de cruauté sur animaux sont courants, nous sommes confrontés à cette violence au quotidien. »

Y a-t-il des régions ou des départements ou les actes de cruauté envers les animaux sont plus nombreux ?

« Dans l'Aisne, ça explose. Il y a un manque de connaissance de ce qu'est un animal. Après, pourquoi avons-nous tant de cas dans l'Aisne, peut-être que l'information remonte mieux dans ce département ? Nous n'avons aucun dossier dans la Creuse, est-ce que cela signifie qu'il n'y a pas de cas de maltraitance ? C'est difficile à dire. »

Vous parlez de l'Aisne, avez-vous travaillé sur l'affaire Lucky ?

« En ce qui me concerne c’est une affaire très douloureuse, très violente. Le proprietaire de l’animal (1) l'a tiré derrière une voiture jusqu’à épuisement et brûlure des pattes. Malheureusement, le chien est arrivé encore vivant chez le vétérinaire qui n’a pu que constater la souffrance extrême du chien. Il n’a pas eu d’autres choix que de le soulager en l’endormant à jamais. » 

Ces faits font froid dans le dos...

« Malheureusement nous rencontrons souvent des dossiers douloureux comme celui de Lucky, trop régulièrement à notre goût. Parfois les faits sont moins douloureux en apparence mais lorsque nous avons des propriétaires qui d’un coup perdent leur animal de compagnie du fait d’un voisin qui l'empoisonne, tire dessus, l’écrase volontairement avec sa voiture ou tout simplement le fait disparaître ; c’est tout aussi douloureux… »

(1) : à préciser que Lucky n'a pas était trainer par son maitre...cet individu qui l'a tué était seulement un ami de la maitresse de Lucky .