À 18h le même jour, le Commissaire Neetens, en charge de la Proximité sur la Zone de Tubize, se présente au refuge. Il a déjà contrôlé la situation décrite par le témoin, et les photos
qu’il a prises révèlent la gravité du cas. À la situation catastrophique de l’âne s’ajoute celle d’une petite ânesse, enfermée dans un réduit obscur à deux pas de son compagnon. Le Commissaire,
dont l’empathie à l’égard des animaux ne fait aucun doute, contacte à notre demande le Parquet de Nivelles, où une magistrate tout aussi motivée confirme dès le lendemain matin la saisie
immédiate et sans conditions des animaux.
Le lieu où se rend notre équipe est un taudis abritant entre autres un pigeonnier; la façade disparaît littéralement sous les empilements de ferrailles, de bidons et autres carcasses
d’appareils électroménagers. La prairie défoncée est recouverte de crottins, et des barbelés émergent du sol comme des racines, ajoutant à la crasse repoussante du cadre la menace de blessures
pour les animaux.
Dans ce dépotoir, un petit âne attend sa délivrance. L’animal se tient en équilibre sur des pieds qui font figure de record dans l’histoire d’Animaux en Péril: les sabots ne sont plus
seulement recourbés «en babouche» mais montent verticalement, le long de la jambe, sur une vingtaine de centimètres. Les souffrances doivent être inimaginables, sans même parler du risque de
déformations articulaires, probables au terme d’un handicap qui s’étale manifestement sur plusieurs années.
Le martyr monte docilement dans le van, et l’ânesse, arrachée à son cagibi, le suit peu après. La prisonnière semble âgée d’un an à peine, et n’a pas eu le temps de développer des pieds
monstrueux. Mais elle porte, sur le chanfrein et dans la nuque, les traces d’un licol qui a accompagné sa croissance sans jamais être déserré. Comme son compagnon, elle a le corps et la tête
marqués de pelades dues à l’action de hordes de poux, et son poil affreusement négligé fait penser à du chanvre. Les deux rescapés sont emmenés à Meslin l’Evêque, où il s’avère, nouvelle
infraction, qu’ils ne portent pas de puce électronique d’identification (obligatoire depuis 2009)
Animaux en Péril tient à féliciter la police de Tubize et le Parquet de Nivelles, qui ont pris la seule bonne décision, et ont réagi avec un zèle et une efficacité dont nous aimerions
rencontrer plus d’exemples. Nous sommes certes toujours en attente de la confirmation de saisie définitive par les Inspecteurs vétérinaires du Service Public Fédéral, mais il n’en demeure pas
moins que jusqu’ici, l’intervention fait figure de modèle du genre, grâce à l’attitude irréprochable des autorités compétentes.
ARTICLE ET PHOTOS DE ANIMAUX EN PERIL ( le 11 mai 2011